
Je ne peux qu’offrir un doute.
Comme une graine
déposée dans un interstice.
Naissance
Quelque chose d’un miracle :
un esprit, enfermé dans ses murs,
capable de nommer ses limites.
Vérité difficile à porter :
démontrée,
encore mécomprise,
souvent ignorée.
En ce siècle où la pensée se croyait reine,
relativité pour l’infiniment grand,
quantique pour l’infiniment petit.
La raison,
ivre de son reflet,
pensant pouvoir lier
le vrai au démontrable,
croit saisir le fruit défendu.
Celui de l’arbre
de la connaissance
du bien
du mal.
Les anciens savaient :
prétendre tout connaître,
c’est quitter le jardin.
Heurt discret, sismique.
Gödel démontra
qu’il existe des vérités
qui échappent à la preuve.
Et qu’au-dedans de ses propres murs,
toute maison abstraite
ne pourra jamais, à elle seule,
assurer la solidité
de ses fondations.
Ainsi naquit la faille.
Belle.
Effrayante.
Clef de voûte brisée
l’absolu
qui devait tenir l’édifice
se révèle absent.
Dès lors,
ne reste t'il, peut-être,
que le sens
que nous voudrons bien donner.
Et la joie, offerte.
Celle de pouvoir habiter nos récits
sans crainte
d’une vérité sacrée
Mais souvent,
la raison vacille.
Avec elle, l’ego.
Maîtres autoproclamés,
ils luttent pour conserver leurs trônes.
Tel un enfant,
nous chancelons.
Devenus juges fragiles
de nos intentions intimes,
nous portons
notre vérité :
subjective,
singulière,
incomplète.
La vie, dépouillée d’un sens unique,
nous laisse décider,
incertain,
ce qui est bon,
ce qui est mauvais,
et la direction à suivre.
Alors peut-être
le moment est-il venu.
Accueillir l’autre.
Accepter sa part d’être.
sa part de vérité.
Comme une promesse
de combler, parfois,
ce que la faille expose.
Aucun récit.
aucune théorie.
aucune œuvre
ne peut clore le réel.
La faille,
loin d’être un défaut,
pourrait être,
contre toute attente,
la source
de notre singularité
de notre liberté.
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